Une équipe échange autour de la mise en place du reporting RH.
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Reporting RH : les 5 erreurs courantes à éviter

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Hugues Peuchot / Co-fondateur de @Skillup

13/05/25

Le reporting RH est aujourd’hui au cœur des enjeux stratégiques des directions des ressources humaines. Les RH ont accès à une masse croissante de données sur les collaborateurs, les formations, les compétences ou encore les entretiens.

Mais cette richesse peut vite se transformer en piège. Trop souvent, le reporting RH devient un exercice administratif, chronophage et peu utile. Les chiffres collectés n’alimentent pas de vision claire. Pas d'analyse de données, pas de valeur ajoutée ni de prise de décisions stratégiques.

Résultat : les tableaux de bord RH sont boudés par les managers, peu utilisés en CODIR, et peinent à influencer les décisions stratégiques de l’entreprise.

Pour éviter cet écueil, il est essentiel de repenser sa logique de reporting, notamment sur les volets liés à la gestion des talents. Il s’agit de concentrer ses efforts là où ils auront un réel impact. Et donc, éviter les erreurs les plus courantes, qui vous sont présentées ci-dessous.

Comment construire un reporting RH : les 5 erreurs les plus fréquentes à éviter

❌ Erreur n°1 : se noyer dans les données RH

La tentation est grande, lorsqu’on met en place un reporting RH, de tout vouloir mesurer. Taux de participation aux formations, nombre de jours d’absence, répartition par âge, taux de complétion des entretiens, diversité des parcours… On empile les indicateurs comme on coche des cases. Résultat : un tableau de bord illisible, difficile à interpréter et souvent inexploitable.

Mais plus n’est pas mieux. Un bon reporting ne repose pas sur la quantité de données, mais sur la pertinence des indicateurs.

👉 Ce que cela implique dans la gestion des talents :

  • Inutile de suivre 20 indicateurs sur les entretiens si seuls 3 permettent de piloter réellement leur efficacité : le taux de complétion, le taux de plans d’action formalisés, et le eNPS post-entretien, par exemple.
  • Pour la formation, concentrez-vous sur des indicateurs RH actionnables comme le taux d’engagement (plutôt que le simple nombre d’heures), ou le taux de couverture des compétences clés.

✅ La bonne pratique :

Définissez 5 à 10 indicateurs clés par grande thématique RH, directement liés à vos objectifs d’équipe ou d’entreprise. Classez-les par priorité :

  • Quel élément de la politique RH doit absolument être piloté chaque mois ?
  • Quelles données vous permettent de prendre une décision ?
  • Quels chiffres ont du sens pour la direction générale ?

Résultat : un reporting plus lisible, plus efficace, et surtout plus crédible aux yeux des décideurs.

❌ Erreur n°2 : construire un reporting RH déconnecté des enjeux stratégiques

Trop souvent, les indicateurs RH sont pensés en silo, par le service RH, pour le service RH. Mais ces KPI n’ont pas d’écho auprès des dirigeants. Ils ne parlent pas la langue du business. Résultat : le reporting RH est perçu comme un livrable administratif, pas comme un outil de pilotage stratégique.

Or, la mission des RH a changé : elle doit servir la performance collective. Le reporting RH doit donc s’aligner sur les priorités de l’entreprise.

👉 Ce que cela implique dans la gestion des talents :

  • GEPP : Montrez comment l'évolution des compétences clés permet de soutenir les nouveaux projets ou de réduire les tensions liées au processus recrutement.
  • Formation : Ne suivez pas uniquement le taux de réalisation des formations. Croisez-le avec l’évolution de la performance, la mobilité interne ou la réduction du turnover.
  • Entretiens : Utilisez les données issues des campagnes pour faire remonter les irritants du quotidien, les signaux faibles sur l’engagement collaborateur, ou encore identifier les collaborateurs à fort potentiel.
  • People review : Mettez en lumière le taux de rétention des talents clés ou le ratio de promotions internes vs. recrutements externes.

✅ La bonne pratique :

Travaillez votre reporting RH comme un outil de dialogue avec la direction générale. Pour cela :

  • Reformulez les indicateurs RH en bénéfices business : productivité, engagement, performance, attractivité, coûts évités.
  • Priorisez les indicateurs qui démontrent une valeur quantifiable : économies, gains de temps, croissance des compétences, réduction du turnover.
  • Appuyez-vous sur des cas concrets issus de vos données internes.

En alignant la mise à jour de vos indicateurs sur les enjeux business, vous transformez votre reporting RH en levier d’influence.

❌ Erreur n°3 : multiplier les indicateurs sans hiérarchie ni objectif clair

L’écueil le plus fréquent dans la mise en place d’un reporting RH ? La surabondance de données. Résultat : le tableau de bord RH devient une usine à gaz que personne ne lit vraiment — ou pire, qui ne sert à rien.

Un bon reporting ne repose pas sur la quantité, mais sur la pertinence. Il doit répondre à une question simple : “Que veut-on prouver ou améliorer avec cet indicateur ?”

👉 Ce que cela implique pour les outils de gestion des talents :

  • Formation : inutile de suivre 20 indicateurs. Priorisez ceux qui démontrent une montée en compétences réelle (ex : taux de formation certifiante, taux de réutilisation des compétences formées…).
  • GEPP : concentrez-vous sur les indicateurs de couverture des besoins à moyen terme, et sur les écarts compétences/stratégie.
  • Entretiens : évitez les KPI RH trop formels (ex : durée moyenne de l’entretien) au profit d’indicateurs orientés impact :tel que le taux de satisfaction des collaborateurs (climat social).
  • People review : 5 indicateurs lisibles seront mieux que 25 trop techniques. Ex : taux de turnover des talents clés, part des hauts potentiels promus sur 2 ans.

✅ La bonne pratique :

Fixez 3 à 5 indicateurs-clés par grande thématique RH. Pour chaque KPI, précisez :

  • Son objectif (ce qu’il mesure et pourquoi)
  • Sa source de données (SIRH, enquêtes internes…)
  • Sa fréquence de suivi
  • Son interlocuteur clé (qui pilote quoi)

 

❌ Erreur n°4 : ne pas croiser les données pour faire parler les chiffres

Trop souvent, les indicateurs RH sont consultés en silo : un tableau pour les formations, un autre pour les entretiens, un autre pour la GEPP... mais sans jamais croiser ces données pour en tirer des enseignements réellement exploitables. Le reporting devient une compilation de chiffres au lieu d’un outil d’aide à la décision.

Un KPI RH pris isolément donne une information partielle. Ce n’est qu’en mettant les données en relation qu’on identifie les vrais leviers de performance RH. L’absence d’analyse transversale empêche de détecter les signaux faibles, les corrélations intéressantes ou les incohérences.

🔍 Exemples concrets de croisements pertinents :

  • Entretiens & Formation : un faible taux de réalisation de plan d’action peut expliquer une stagnation des compétences clés malgré un bon taux de formation.
  • GEPP & Entretiens : identifier les écarts entre les souhaits d’évolution exprimés en entretien et les besoins stratégiques de l’entreprise.
  • Formation & People review : observer si les talents identifiés suivent des parcours de développement des compétences différenciés (ou pas).
  • Mobilité & Formation : détecter si les collaborateurs formés sont plus mobiles en interne que les autres.

👉 Ce que cela implique pour les logiciels de gestion des talents :

  • Travailler avec un SIRH de gestion des talents unifié ou interconnecté pour permettre le rapprochement automatique des données.
  • Définir des indicateurs RH composites (ex : % de salariés ayant eu un entretien, suivi une formation et bénéficié d’une évolution dans les 12 mois).
  • Mettre en place des tableaux de bord croisés, avec des filtres par population (âge, métier, ancienneté…).

✅ La bonne pratique :

Passez du reporting descriptif (ce qui s’est passé) à un reporting analytique (pourquoi cela s’est produit, et comment agir). C’est à cette condition que le reporting devient un levier de transformation utile pour prendre des décisions éclairées - et non un simple outil de suivi.

❌ Erreur n°5 : négliger l’appropriation du reporting par les managers

Mettre en place un reporting RH solide, c’est bien. Mais s’il reste cantonné au service RH, il rate sa cible. Trop souvent, les managers n'ont pas accès aux bons indicateurs ou ne sont pas formés à les exploiter pour piloter efficacement leurs équipes.

Les managers sont les premiers relais de la stratégie RH sur le terrain. S’ils ne s’approprient pas les données, les actions correctives tardent. De plus, les signaux faibles ne remontent pas et l'engagement des équipes en pâtit. Ces conséquences sont ainsi fréquentes :

  • Des entretiens réalisés par obligation, sans suivi réel des plans d'action par la fonction RH.
  • Une gestion des compétences déconnectée des réalités opérationnelles.
  • Des formations proposées sans tenir compte des besoins spécifiques d'équipe.

👉 Ce que cela implique pour la gestion des talents :

  • Donner aux managers un accès simplifié aux tableaux de bord RH, avec une vision claire des indicateurs pertinents pour leur périmètre.
  • Former les managers à l’interprétation des datas RH et à leur utilisation dans le pilotage quotidien.
  • Contextualiser les indicateurs : un taux de complétion d’entretiens ou un niveau de formation n’a de sens que replacé dans les enjeux d’équipe ou de métier.

✅ La bonne pratique :

Créez un reporting RH opérationnel, à double niveau :

  • Un niveau stratégique pour la DRH et la direction.
  • Un niveau local, actionnable, pour chaque manager avec des alertes, des filtres, et des suggestions concrètes.

📌 Astuce : ajoutez une dimension comparative (par équipe, par entité, par métier) pour créer une émulation positive et responsabiliser les encadrants.