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La robotisation de la formation est-elle concevable?

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Par Mina Sadr / Responsable Marketing @Skillup

Le 23/06/17

Évoquer l’idée d’un robot professeur apparaît pour le moins incongru, voire relever de la science-fiction. Et pourtant, comme pour tant d’autres secteurs de l’économie, le chatbot risque à terme de jouer un rôle négligeable dans le domaine de la formation. Revue de détails du pour, du contre, du pourquoi et du comment.

Jill, Nao et les autres.

Jill Watson était un(e) teaching assistant à l’université Georgia Tech. Son rôle : aider une petite dizaine d’étudiants sur les forums. Rien ici de très nouveau sauf que Jill Watson est une intelligence artificielle (IA) programmée pour traiter 40000 questions et y répondre ! Mais le plus notable dans cette expérience de six mois, c’est que les étudiants n’ont absolument rien remarqué.
Watson n’est pas le seul agent conversationnel dans le monde de l’éducation et la formation. Nao, le petit robot du programme L2TOR a été conçu pour apprendre l’anglais ou l’allemand aux enfants de migrants. Sachant que face à l’afflux de réfugiés, les besoins en formations sont exponentiels, l’Union européenne a décidé pour des raisons essentiellement financières et logistiques d’investir dans Nao. Les enfants inclus dans ce programme pourront avoir à terme chacun leur robot, ce dernier s’adaptant aux spécificités de chaque élève.
Nao ne coûte "que" 6000€ et sera donc vite rentabilisé. Argument de poids bien sûr mais qui n’est pas la seule justification d’un tel choix. Car outre des logiciels qui permettront de personnaliser l’apprentissage, Nao développe une pédagogie liée à la gamification – cette idée que le ludique permet d’apprendre plus facilement.

Une révolution de la formation

On peut se demander à partir de ces deux exemples si l’on ne va pas assister dans les prochaines années à une révolution de la formation. Une révolution éducative mais sans profs ! L’idée inquiète, anime les controverses et nourrit les oppositions. Peut-on en effet imaginer que l’apprentissage puisse se faire sans cet élément que tout à chacun a jusqu’ici connu, craint et parfois admiré… le professeur.
Soyons honnêtes. La chose n’est pas pour demain. Et si elle est probable, elle sera à coup sûr pour après-demain ! La raison en est simple. La technique, la puissance et l’innovation en informatique font depuis quelques années des bonds… Mais des bonds qui sont toutefois loin de pouvoir envoyer votre prof au musée de l’éducation. Le chatbot peut répondre à certaines questions, devenir un assistant pédagogique aussi sérieux qu’utile mais force est de constater que le petit Nao est à des années lumières des ateliers de création, du raisonnement déductif ou de l’histoire comparée des religions !

Un prof robot, un chatbot bilingue, soyons sûr que cela devrait nous faire écarquiller les yeux pour encore quelques années. Mais doit-on véritablement penser les évolutions de la formation en se demandant quand les robots vont remplacer les hommes ? Cette idée aussi vieille que le XXe siècle est à coup sûr séduisante pour qui veut opposer l’homme à la machine… mais reflète-t-elle vraiment la réalité ? On a parfois l’impression d’être plus dans une volonté de dramatisation que dans une réflexion sur ce que peut devenir l’éducation.

Nao le retour

Reprenons un peu nos deux histoires. Que ce soit Watson ou Nao, ces deux bots ne sont pas là pour remplacer le professeur mais pour le suppléer… La nuance est de taille. Au lieu de ne regarder ces humanoïdes qu’à travers la menace qu’ils font peser sur nous, ne faudrait-il mieux pas les comprendre comme un petit plus dans un processus de formation ? Formation qui soit dit en passant sera l’un des grands enjeux des années à venir – les individus devant (et voulant) se former tout au long de leur vie, les heures consacrées à cette activité seront à n’en pas douter bien plus importantes qu’aujourd’hui. Ce qui ne signifie évidemment pas que la forme même de l’éducation demeure telle quelle.

C’est peut-être là où le bot arrive. Non pas en tant que méchant petit robot destructeur mais comme une étape au sein d’un processus élargi de formation. Explication. On peut imaginer qu’un technicien, un cadre ou un fonctionnaire puissent prendre des cours de marketing, de langage html ou de droit fiscal en utilisant successivement un MOOC, un bot, en passant quelques heures par mois dans une salle de cours. Bref, qu’ils multiplient ainsi les supports – avec des objectifs chaque fois différents – pour obtenir un certificat ou un diplôme. Nous ne sommes pas ici dans des supports concurrents mais bien complémentaires qui permettent une flexibilité horaire et pédagogique dans des espaces aussi bien numériques et physiques. Il n’y a pas éclatement de la formation mais diversité des lieux et des moyens pour se former – sans qu’il y ait une quelconque destruction d’un support par un autre.

C’est peut-être ça la véritable révolution du bot – être un complément dans la formation… et non pas devenir la formation. L’enjeu n’est donc pas de savoir si le chatbot pourra un jour être un support… La réponse est évidemment oui. Ce qui constitue à partir de là le problème du robot formateur est d’abord et avant tout la manière de l’intégrer efficacement dans un processus pédagogique.

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